La société trinidadienne
 

 

Quelques considérations générales :

La société trinidadienne est unique en son genre. Composé à moitié de Noirs d’origine africaine et de colons d’origine indienne (avec une part de métis d’environ 20% et de minorités caucasiennes et asiatiques), le pays a su maintenir une unité nationale, même si les deux communautés principales coexistent et coopèrent plus qu’elles ne s’apprécient. Les traces du colonialisme britannique sont perceptibles dans le fonctionnement administratif et le comportement quotidien des Trinidadiens (importance du respect formel des règles, courtoisie, etc.). En raison du partage inégal des richesses accompagné par une croissance soutenue, une partie de la société s’estime lésée et les frustrations entraînent depuis quelques années un climat d’insécurité qui ne touche pratiquement pas les expatriés (petite délinquance, trafic de cocaïne, règlements de compte entre gangs, kidnapping d’hommes d’affaires indiens).

En dépit de son insularité, le peuple trinidadien est peu tourné vers la mer. Aussi aura-t-on du mal à pratiquer des sports nautiques à Trinité (mais plus à Tobago, plus orienté vers le tourisme) mais, grand avantage, les plages sont rarement surchargées. L’une des explications avancées est que les esclaves d’origines africaines proviendraient de régions reculées d’Afrique. Mais elle ne convainc pas totalement parce qu’il est quasiment impossible d’établir une filiation pour les afro-trinidadiens, déplacés d’îles en îles, à l’inverse des noirs américains qui provenaient directement d’Afrique (lire notamment " Racines " d’Alex Haley). C’est d’ailleurs l’un des drames de la communauté afro-trinidadienne que d’avoir perdu ses racines, ce qui n’est pas le cas de la communauté indienne, arrivée plus récemment, et parfois perçue comme un second colonisateur.

En raison de son économie basée sur les hydrocarbures, Trinité n’a pas développé d'industrie touristique. Il sera ainsi difficile de se procurer les brochures habituelles (ce qui tient lieu d’office du tourisme, à Philip Street, est fermé le week-end, de même que le principal musée de Tobago). L’accueil de l’étranger n’est pas très chaleureux, mais pour autant il est moins artificiel que celui d’îles plus touristiques et parfois décriée pour la mauvaise qualité des prestations, comme la Martinique.

Les Trinidadiens ne sont donc pas toujours très accueillants, même s’ils ont le côté racoleur des Antillais : Phénomène d’insularité ou flegmatisme britannique? Fierté d’appartenance à un pays au particularisme prononcé (on chante l’hymne national à pratiquement toutes les occasions) et peu ouvert sur l’extérieur? Peut-être tout cela à la fois, mais aussi et surtout une certaine méfiance vis-à-vis des colonisateurs et des "autres" (les indous, les créoles) et la tendance naturelle à se replier sur soi et à privilégier sa communauté avant tout. Par ailleurs, une certaine violence latente est perceptible dans le comportement quotidien (volume musical, conduite, prise d’otages, meurtres et accidents étalés dans des journaux à sensation). Il faut pour autant être en toute circonstance courtois car le Trinidadien, et plus encore le Tobagonien, à l’instar de la plupart des Antillais, est très susceptible, surtout envers les Européens. Dans un pays où les rapports de forces prédominent, l’Européen doit prendre garde de ne pas l’exprimer de manière ostensible. Il faut également garder à l'esprit que le rythme de travail n’est pas le même qu’en Europe ou en Amérique du Nord, et il faut souvent prendre son mal en patience puis insister doucement pour obtenir gain de cause. Il est fréquent que les personnes avec qui vous avez pris rendez-vous arrivent plusieurs heures en retard ou le jour suivant! Les Trinidadiens (et nous supposons d'autres Antillais) vivent dans l'instant présent ; ils ne ne projettent pas dans l'avenir : cette clef vous aidera à comprendre bon nombre de comportements. Au total, il nous a semblé avec l'expérience qu'un mélange de patience, de fermeté et de courtoisie permettaient d'arriver plus facilement à ses fins.

Les Trinidadiens sont tout à fait conscients des problèmes de société, et ils le font savoir au travers du calypso, dont les thèmes sont essentiellement politiques. Si les Trinidadiens demandent systématiquement aux étrangers, même nouvellement arrivé : "Do you like Trinidad?", c'est sans doute parce qu'ils cherchent dans le regard des autres l'image positive d'un pays qu'ils n'arrivent pas à trouver. Peut-on répondre autrement que par l'affirmative pour ne pas les froisser?

Quelques aspects particuliers de la société trinidadienne

- Voir la rubrique "Fiches thématiques". 

- Voir également un article en anglais sur la société trinidadienne, rédigé par une assistante de l'Université des West indies, Merle Hodge, qui a, entre autres, travaillé sur la culture de la violence : http://users.rcn.com/alana.interport/trinis2.html