Généralités sur les Caraïbes

 

Trinité-et-Tobago se situe dans un contexte régional spécifique qu’il convient de connaître pour mieux appréhender l’île. Trinité est cependant une île bien à part dans les Caraîbes.

1. Unité et diversité des Caraïbes

     Il y a deux manières d’appréhender les Caraïbes : par sa partie insulaire (on y inclue alors les Bahamas), ou par sa partie circulaire, qui comprend le Mexique, l’Amérique centrale, la Colombie et le Venezuela, ce dernier pays estimant avoir une vocation "Caraïbes".

La zone est caractérisée par une grande hétérogénéité. La population et la densité sont très variables (de 10 à 600 habitants par km2). Au niveau culturel, on trouve les derniers amérindiens sur la Grenade, des noirs, des métis, des mulâtres, des asiatiques (dont des indiens et chinois), des javanais, et des blancs d’origine européenne et américaine. Les relations sont parfois difficiles entre ces populations, comme au Guyana par exemple. Les partis politiques sont parfois des partis ethniques, comme à Trinité-et-Tobago. Au niveau des dialectes, il y a certes plusieurs créoles, sans différences sensibles, mais différentes langues officielles.

Le pendant de cette hétérogénéité ethnique est la grande variété de croyances et de religions, dont le vaudou et la santeria ; le catholicisme est en perte de vitesse, tandis que les églises évangélistes progressent remarquablement.

La diversité se retrouve au niveau des statuts étatiques, même si la plupart des îles sont des Etats indépendants. Quelques unes sont restée dépendantes ou affichent une volonté d’indépendance : l’île d’Anguilla (3 000 habitants) est restée une petite colonie britannique, au contraire d’Antigua et Barbuda. Trinité-et-Tobago a connu le même problème, car Tobago a souhaité, un moment, être indépendante. Il reste dans la zone un Etat libre associé (Porto Rico), des Territoires d’Outre-Mer français, les Antilles néerlandaises, qui ont toutes un statut spécial. Au niveau institutionnel, on trouve des régimes parlementaires anglo-saxons, des régimes présidentiels, une démocratie " populaire " à Cuba… Enfin, les stades de développement sont très différents (Trinité d’un côté, Haïti de l’autre).

2. Intégration et éparpillement

A la fin des années 50, les Britanniques ont souhaité fédérer les îles du sud-ouest (fédération des West Indies), mais cette tentative n’a pas résisté à la volonté du particularisme. Quelques organisations régionales ont cependant vu le jour :

- La CARICOM, créé en 1973, regroupe 15 Etats, tous anglophones. L’intégration économique régionale est faible car à peine 10% des échanges commerciaux sont effectués au sein des Caraïbes. Ceci étant, c’est l’organisation la plus avancée de la région et un marché unique (le CSME) devrait voir le jour le 1er janvier 2005.

- L’Association des Etats Caraïbes (AEC), date de 1994 et la France jouit d’un statut d’Etat associé. Cette organisation regroupe 25 Etats et 200 millions d’habitants. La plupart des Etats de l’AEC regardent la France de manière assez lointaine et sont beaucoup plus tournés vers la Grande-Bretagne. Du reste, la France s’est retirée de la Banque de développement des Caraïbes. Ceci étant, une coopération décentralisée commence à se développer, notamment grâce à la présence d’un commandement de protection civile dans les TOM, qui peut apporter son aide aux îles voisines en cas de catastrophe naturelle.

- Le CARIFORUM a été créé pour servir d’interlocuteur à la Commission Européenne.

- L’Organisation des Etats de la Caraïbe-Sud (OECS) regroupe 6 Etats. Créé en 1981 reprend l’idée de la fédération des West Indies. Ses membres sont une banque centrale commune et une monnaie commune (East-Caraibean dollar).

3. La sécurité dans la zone

La sécurité de la région est étroitement liée à la situation en Colombie, en raison du trafic de drogue et d’armes. Depuis la fin de la confrontation Est-Ouest, la capacité de nuisance de Cuba, qui avait essayé d’étendre sa sphère d’influence à la fin des années 70, s’est éteinte. Mais à moyen terme, la sécurité de la région dépendra de l’après-Castro.

Le marché de la drogue est le second marché au monde en valeur, derrière les armes, mais devant le pétrole, soit 500 milliards de dollars. Les besoins des Etats-Unis et de l’Europe sont estimés à 600 tonnes de cocaïne par an. La production de coca a fortement diminuée en Bolivie et au Pérou, mais fortement augmenté en Colombie, même si des progrès récents ont été réalisés.

La drogue emprunte trois couloirs principaux (Amérique centrale – Mexique, les grandes Caraïbes, les petites Antilles). Plus des quatre cinquièmes emprunte la voie maritime. Les principaux points de transit sont : Porto Rico, le triangle autour de Saint-Martin et l’axe Barbade-Saint-Vincent. Les routes du trafic de drogue et du trafic d’arme sont presque identiques, les armes aboutissant essentiellement en Colombie.

L’économie parallèle est estimée à 30% de l’économie des petites Antilles, et par exemple, la valeur de la coca qui transite par Antigua représente 8 fois le budget de l’Etat. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que le narcotrafic développe la corruption des élites ; ainsi l’ancien Premier ministre de Saint-Vincent était notoirement lié aux trafiquants. Aux Antilles néerlandaises, les Américains ont demandé des facilités pour faire des missions d’épandage en Colombie.

4. Politique des puissances étrangères

Les Etats-Unis jouent un rôle primordial. Ils sont intervenus par exemple en 1983 en Grenade pour assurer la stabilité de la zone et dissuader tous les pays d’installer un pouvoir hostile aux intérêts américains. L’effondrement du communisme a finalement changé la nature de la menace telle qu’elle était perçue depuis trente ans. La " géostratégie " a cédé le pas à la " géoéconomie " et aux " nouvelles menaces ". La lutte contre le terrorisme est devenu le leitmotiv de la coopération des Etats de la zone avec les Etats-Unis. Dès 1994, Washington à mis en place à Miami une " Joint Interagency Task Force East " pour coordonner la coopération opérationnelle des Etats de la zone en matière de narcotrafic. Le dispositif militaire américain a été transféré au commandement sud de l’ " US South Com ". La base de Manta en Equateur a été reconstruite pour accueillir les troupes américaines. Des facilités sont accordées aux Etats-Unis par le Nicaragua.

Le Canada joue également un rôle non-négligeable et fournissent une aide de 40 à 50 millions de dollars par an. Les Etats de la Caraïbe sont en effet soucieux de diversifier leur point d’appui, et de plus, le Canada fait partie du Commonwealth et a accueilli de nombreux ressortissants de la région. Les Canadiens se sont engagés en Haïti, et restent un partenaire privilégié du régime cubain.

La Grande-Bretagne reste relativement absente, bien qu’il reste une forte influence historique et culturelle. En 1997, elle a fermée sa seule base militaire au Surinam.

Les Pays-Bas sont très actifs dans la lutte contre le narcotrafic.

Les deux Chines ont des Ambassadeurs dans certaines îles. Taiwan a réussi à sauvegarder sa place dans 4 îles, notamment grâce à un financement pour des projets de développement, Sainte-Lucie et Trinité-et-Tobago ayant des relations diplomatiques avec la Chine populaire.

Enfin, la Libye a une politique d’influence, avec une aide essentiellement économique (1 million de dollar en 2002 pour les pays de l’OECS).

5. Les principales îles des petites Antilles autres que Trinité-et-Tobago

- Sainte-Lucie (capitale : Castries) est beaucoup plus petite de Trinité et Tobago : 16 km2 de surface pour 160 000 habitants dont 90% d’origine africaine. Les fondamentaux économiques de Sainte-Lucie sont très différents de ceux de Trinité-et-Tobago mais très proche de ses voisins. La banane représente 45% des exportations, et le tourisme 15% du PIB.

Les relations entre les îles sont assez mauvaises en raison des question de prise en charge hospitalière et des incidents de pêche...

- Antigua et Barbuda (capitale : Saint-Johns) : Auparavant dominée par la famille Bird, notoirement mafieuse, qui a perdu les dernières élections générales. Elle mise sa politique sur l’économie de luxe. L’activité des centres financiers offshore fait l’objet d’une surveillance de la part du GAFI.

- Saint-Christophe et Nieves (ou Saint-Kitts-and- Nevis)

- La Dominique : Avec 76 000 habitants, c’est l’île la moins peuplée et la plus pauvre. Son système économique repose sur la banane et l’éco-tourisme. Elle entretien des relations étroites avec le France. Ms. Charles a dominé la vie politique pendant de nombreuses années et demandé le rattachement à la France.

- Saint-Vincent et les Grenadines : Une alternance politique a eu lieu il y a deux ans. Son économie est basée sur la banane et sur le canabis, également sur le tourisme de grand luxe.

- La Grenade : Un mouvement d’extrême gauche dirigé par M. Bishop a pris le pouvoir en 1979 avant d’être chassé par les Etats-Unis. Grenade est le premier producteur de clous de girofle d'où son nom de "spice island". La Grenade ressemble à la Barbade pour son aspect touristique du côté de la Grande Anse, mais beaucoup plus à Tobago à l'intérieur des terres. Malheureusement, l'île a été dévastée par l'ouragan IVAN en septembre 2004, et il est à craindre qu'il ne faille plusieurs années pour reconstruire les infrastructures.

- La Barbade (capitale : Bridgetown) : Assez peuplée (300 000 habitants) et très bien gérée, mais avec un tourisme haut de gamme, les services sont assez chers. Le système politique du pays est inspiré de celui du Royaume-Uni, avec un gouverneur général représentant la reine d'Angleterre. Le Premier ministre, M. Owen Arthur, dirige le pays depuis 1994 et son parti, le Barbados Labour Party (BLP), a remporté 23 des 30 sièges de la Chambre des Représentants lors des élections générales de mai 2003.